Información básica

Identificador
Linker 265,380
Autor
Lengua
Francés
Género | Forma
Jeu-parti
Estrofismo
Coblas unissonans
Rima
a b a b c c d d e e
Estructura métrica
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
Terminaciones
-i
-is
-ant
-ans
-er
-ens

Edición base

Doss-Quinby
Tasker Grimbert
Pfeffer
Aubrey
2001
Página(s)
87-89, núm. 5

Manuscritos

Manuscrito
Folio(s)
178r–178v (186r–186v foliación antigua)

Otras ediciones y estudios

Página(s)
vol. 98, 353
Página(s)
vol. 2, 213

Texto

I
Concilliés moi, Rolan, je vous an pri.
Dui chivaillier me vont d’amor priant.
Riches et prous est li uns, je vos di,
Et se n’ait pas faillit a hardement.
L’autre, vos di, il est prous et hardis,
Mais il n’ait pais tant d’avoir com ait cilz
Mais cortois est et saiges et cellans,
Et bien se seit garder devant les gens.
S’ansi estoit ke je vosise amer,
A queil vos plait il miex a acorder?

 

II
Douce dame, et puis k’il est ansi
Ke bone Amor vos fait si bel presant,
S’ameir voleis, je vos conseil et pri
Ke vostre cuer meteis au plus pairant.
Moins i avreis blasme s’il an saut cris.
Riches hons prous doit bien estre saixis
De haute amor, au los de tous amans,
Et bien afiert a dame soffisant
K’elle aint si haut c’on ne l’an puist blasmeir:
Qui honor quiert a honor doit monter.

 

III
Certes, Rolan, je vos ai bien oï:
Il me samble vos parleis faintement.
Cant povres hons ait grant proësse an li
Et avuelz ceu sans et antandement,
Et bien se seit celler, trop mués l’an pris.
Dame n’i puet meffaire, ce m’est vis.
Mais vos estes un poc trop covoitans.
Ancontre sans ne valt ors ne argent,
Et Amors vuelt c’on la saiche garder:
Por ceu m’acort au povre baicheleir.

 

IV
Dame, saichiez, je croi j’aie chosit
Trop lou millor, s’il vos vient a talant.
Cant riches hons fait de son cuer otri
A bone Amor, et il se vait randant,
Amors l’aprant et anseigne toz dis:
Mieus valt li hons et plus se tient sougis
Ver sa dame; car li ris, li samblans, 
Li biaus parleirs et li acointemens 
Li font lou cuers de joie remueir
Et tous orgoilz an sus de lui bouteir.

 

V
Certes, Rolan, je vos voi trop merri,
Cant vos parleis si desvoieement.
Dont l’averoit li povres mal partis.
Ke cuer et cors, avoir et tenement
Met por avoir conkerre, los et pris,
Aidier li doit bone dame de pris.
Et s’il avient car il soit requairans
Tres haute amor, et il i est venans,
Tuit si panser ne sont c’ai bien celler
Et a servir sa dame et honorer.

 

VI
Douce dame, laisons nos parlemens
Et s’an prenons juge por acorder
De Linaige la contesse vaillant;
Sor li an soit por lou droit raporter,
Et sor sa suer Mahau de Commarsi.
- Certes, Rolan, et je bien m’i otri:
Sor elles soit, ja ne m’an kier oster.

    I
    — Advise me, Rolant, I entreat you.
    Two knights are seeking my love.
    One is rich and worthy, I tell you,
    And has not lacked daring.
    The other, I tell you, is worthy and courageous,
    But does not possess as much wealth as the first,
    Although he is refined and wise and discreet,
    And knows how to behave around others.
    If ever I should wish to love,
    Which one do you recommend I choose?


    II
    — Dear lady, since it is the case
    That good Love offers you such a beautiful gift,
    If you wish to love, I advise and beseech you
    To grant your heart to the more powerful one.
    Less blame will you incur if it were proclaimed.
    A rich, worthy man deserves to possess
    Lofty love, which all lovers would praise,
    And surely it befits an important lady
    To love so highly that she cannot be blamed for it:
    She who seeks honor should step up to honor.


    III
    — Truly, Rolant, I have heard you.
    It seems to me that you speak deceitfully.
    When a poor man possesses great prowess
    Accompanied by wisdom and judgment,
    And knows well how to be discreet, I esteem him much more.
    A lady cannot err in doing so, it seems to me.
    But you are a little too covetous.
    Compared to good sense, gold and silver are worthless,
    And Love wants us to know how to guard it.
    For these reasons, I choose the poorer knight.


    IV
    — Lady, listen, I believe I have chosen
    Much the better man, should he appeal to you.
    When a rich man bestows his heart
    On good Love and does so ardently,
    Love instructs him and teaches him every word:
    The man’s worth increases, the more submissive he becomes
    Toward his lady; for smiles, appearance,
    Sweet words, and amorous encounters
    Stir his heart with joy 
    And fend off all pride.


    V
    — Surely, Rolant, you must have lost your mind
    When you speak so insanely.
    That would not be fair to the poorer man.
    For he who risks heart and body, riches and possessions
    To gain wealth, praise, and esteem
    Deserves help from a lady of worth.
    And if ever he were seeking
    A very lofty love, and he succeeded,
    All his thoughts would go to keeping it secret
    And to serving and honoring his lady.


    VI
    — Dear lady, let us end our discussion,
    And let us call on a judge to settle it,
    The worthy Countess of Linaige;
    Let it be up to her to render judgment
    And to her sister Mahaut of Commercy.
    — Certainly, Rolant, I consent to it:
    Let it be up to them, I never object to this.

     

    (Doss-Quimby, Trasker Grimbert, Pfeffer, Aubrey, Songs of the women Trouvères)

    I
    - Conseillez-moi, Roland, je vous en prie.
    Deux chevaliers demandent mon amour.
    L'un est vaillant et riche et à ce jour
    En fait d’audace, il n'a jamais failli.
    Pour le second, il est preux et hardi,
    Et s'il n'a pas la fortune de l'autre,
    Il est courtois et discret et poli,
    Sachant rester modeste avec les autres.
    Posé le cas que j’accepte d'aimer,
    Auquel des deux devrais-je m'accorder ?


    II
    -  Dame, jolie, puisqu'il est ainsi
    Et que l'amour vous fait ce beau présent,
    Si vous voulez aimer, je vous en prie,
    Que vos faveurs aillent au plus puissant.
    Vous serez moins blâmée si l'on en crie.
    Un home riche et vaillant peut aussi, 
    Disent les gens, être pris par l'amour,
    Et il convient à une sage dame
    D'aimer si haut qu'on n'ose l'en blâmer.
    Femme d’honneur peut chercher les honneurs.


    III
    - Roland, vraiment, je vous ai bien compris :
    Je crois pourtant que vos conseils sont faux.
    Si l'homme pauvre est rempli de vaillance,
    S'il a du cœur, de l'esprit et du sens,
    S'il est discret, il a ma préférence.
    Le choisissant, Dame n’agit pas mal.
    Vos jugements étaient par trop cupides.
    L'or ni l'argent n'égalent la sagesse,
    Et l'Amour veut qu'un amant soit fidèle :
    Voilà pourquoi je prends le plus modeste.


    IV
    - Dame, croyez que j'ai pourtant choisi
    Le mieux des deux, si vous voulez aimer.
    Quand l'homme riche a fait don de son cœur
    Au dieu charmant et qu'il se livre à lui,
    L'Amour l'éduque et lui montre la voie :
    Il est meilleur alors et devient plus modeste
    Devant sa dame, dont les traits heureux,
    Les doux discours et le contact fréquent
    Sont une joie qui transforme son cœur
    Et qui lui fait oublier son orgueil.


    V
    - Roland, de vrai, vous êtes fourvoyé
    Et vos paroles sont d'un insensé.
    Ce serait faire un grand tort au plus pauvre :
    S'il a donné son cœur, son corps, et tous ses biens
    Avec l'espoir d’obtenir la faveur,
    Dame d'honneur doit lui donner son cœur.
    Car s'il advient qu'il soit le prétendant
    D'un bel amour et qu'il devienne amant,
    Tous ses efforts seront pour le cacher,
    Pour bien servir sa dame et l'honorer.


    VI
    - Dame de prix, les discours en sont là.
    Choisissons donc de trancher le débat.
    La dame de Linange le fera.
    Par elle soit le bon droit établi
    Et par sa sœur Mahaut de Commercy.
    - Certes, Roland, je ne puis qu'accepter
    Que toutes les deux disent leur vérité.

     

    (Kooijman, Trouvères lorrains. La poésie courtoise en Lorraine au XIIIe siècle)

    Música conservada

    Música conservada
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