Información básica

Identificador
Linker 172 = 265,1100
Autor
Lengua
Francés
Género | Forma
Jeu-parti
Estrofismo
Coblas unissonans
Rima
a b a b c c d d e e f f g g
Estructura métrica
7 5' 7 5' 7 7 10 10 10 10 10 10 10 10
Terminaciones
-or
-ie
-ei
-oir
-is
-ant
-ir
-ent

Edición base

Doss-Quinby
Tasker Grimbert
Pfeffer
Aubrey
2001
Página(s)
78-81, núm. 2

Manuscritos

Manuscrito
Folio(s)
182v–183r (190v–191r foliación antigua)

Otras ediciones y estudios

Página(s)
vol. 98, 361
Página(s)
vol. 2, 251

Texto

I
Lorete, suer, par amor,
Ne me celler mie!
.ij. chivailliers de valor
Et de cortoisie,
D’un pooir, d’une bontei,
Andui vos ont bien ameit.
Chascuns vos vuelt par mariaige [avoir].
Li uns ver vous le celle a son pooir,
Mais bien vous ait requis a vos amis,
Et fait ancor.
De l’autre vos devis
Qu’il lou vos dit tot descovertement,
Por ceu qu’il vuelt oïr vostre samblant.
L’un de ces .ij. vos covient retenir.
Au queil vous plait il mieus a asantir?

 

II
Suer, se Dieus me dont honor,
N'an mantirai mie,
Cil sant d’amor la savour
Et la malaidie
Qui n’ait lou cuer si osei
K’il ot rekerre santei
Lai ou il puet garison resevoir.
Paors li fait relaixier son voloir
Et fine amor, ki lou cuer li ait pris.
A lui m'acort, k’il est de sans garnis,
Cant par l’acort de mes amis me prant:
Jai n’an serai blasmee de la gent.
Qui ainme honor il la seit maintenir:
Celui doit bien bone dame cherir.

 

III
Suer, vos preneis lou pïor
An vostre partie.
Amors met home an ardor
Et an derverie.
Je n’en i voi nul senei:
Il i sont tuit anivrei,
Li plus saiges n’i seit son point veoir.
Dont ne doit nuns celui magrei savoir
Se bone amor l’ait an ses lieins mis,
C'il requiert ceu dont puet estre garis
Vers celle cui il ainme loialment.
Il li doit bien dire son errement:
Puis [ke] lai vuelt a honor recuillir,
Ne li doit pas sa pancee covrir.

 

IV
Suer, vos parleis de folor, 
Ne m’i acort mie.
J’averoie de suor
La color nercie,
De honte et de flevetei,
S’uns hons qui m’avroit amei
Me requairoit; je vos di tot por voir,
A mes amis an doit lou plait movoir.
Mais .i. musars, .i. folz, .i. volantris
Ne li chauroit ke por lui fut laidis,
Mais k’il peüst aconplir son talant.
Por ceu ne voil avoir acordement
A home baut: nuns ne les doit joïr.
On n’an poroit a nul boin chief venir.

 

V
Suer, vous estes en errour,
Je ne m'an dout mie.
Cant celui par sa dousor
Ver vous s’umelie
Et vos requiert loialteit,
Vos lou teneis an vitei.
Je jugeroie et diroie por voir
Qu’il doit trop muex an haute amor menoir
Ke li autres: s’est Renars li Werpis,
Ke quiert ses tors tant ke il soit saixis.
Et s’an panrai, par vostre loiement,
De Linaige la contesse vaillant,
Mahau sa suer por lou droit departir. 
Bien en sarait la veritei jehir.

    I
    Lorete, sister, in the name of love,
    Do not conceal the truth from me!
    Two knights, both worthy
    And refined,
    Of equal power and equal kindness,
    Have both loved you dearly.
    Each one wants you in marriage.
    One hides it from you as best he can,
    But has sought you through your friends,
    And still does. The other, I tell you,
    Lays bare his heart to you,
    That he may hear your thoughts.
    One of these two you must retain.
    To which one do you prefer to consent?


    II
    — Sister, by the honor God grants me,
    I shall not lie;
    He feels love’s pleasures
    And its sickness,
    He whose heart is not so daring
    As to seek well-being
    In the very place he can find a cure.
    Fear quiets his desire
    And true love, which has taken hold of his heart.
    To him do I consent, for he acts wisely
    When he takes me with the assent of my friends:
    Never will I be blamed for it.
    He who loves honor knows how to sustain it:
    He is the one a worthy lady should cherish.


    III
    — Sister, you defend the worse
    By your choice.
    Love kindles a man’s desire
    And drives him to insanity.
    Not one of them is rational:
    They are all intoxicated by it,
    Even the wisest cannot discern his situation.
    Therefore, no one should reproach him
    If good love has bound him in its chains,
    For he seeks what can cure him
    In the presence of the one he loves faithfully.
    He surely must disclose his desire to her;
    Since it is there that he wants to reap honor,
    He must not hide his feelings from her.


    IV
    — Sister, you speak foolishly,
    I simply do not agree.
    I would be as black
    As a cobbler
    From shame and weakness
    If a man who might love me
    Solicited me; I tell you truthfully,
    He should take up the matter with my friends.
    But an idiot, an overzealous fool
    Would not care who was dishonored for his sake,
    As long as he could satisfy his desire.
    For this reason, I refuse to consent
    To bold men: no one should reward them with joy.
    It can lead to no good end.


    V
    — Sister, you are mistaken,
    I do not doubt it in the least.
    When this one tenderly
    Humbles himself before you
    And requests your loyalty,
    You feel contempt for him.
    I would judge and say truthfully
    That he is far more deserving of lofty love
    Than the other: he is Renart the Fox,
    Who pursues his intrigue until he has seized his prey.
    And so, with your permission, I will call on
    The worthy Countess of Linaige,
    And Mahaut, her sister, to render judgment.
    The truth will be fully acknowledged.

     

    (Doss-Quimby, Trasker Grimbert, Pfeffer, Aubrey, Songs of the women Trouvères)

    I
    - Ma sœur Laurette, mon amie,
    Ne me cachez rien !
    Deux chevaliers de grand prix
    Tous deux courtois
    Vaillants et généreux
    Vous ont donné leur amour.
    Chacun voudrait pouvoir vous épouser.
    L’un dissimule au mieux ses sentiments,
    Mais se déclare auprès de vos amis,
    Et persévère. De l’autre je vous dis
    Qu’il vous expose sa flamme hardiment,
    Afin de mieux connaître votre cœur.
    Il vous faudra accepter l’un des deux.
    Auquel d’entre eux donnerez-vous le prix ?


    II
    - Ma sœur, sur l’honneur de Dieu,
    Je ne veux mentir.
    Il connaît le goût de l’amour
    Et ses douces peines,
    Celui qui n’a pas l’audace
    D’aller chercher la santé
    Auprès de celle qui peut le guérir.
    Timidité fait taire le désir
    Et pur amour qui son cœur a surpris.
    Je le choisis, car il a eu l’espirit
    De m’obtenir au su de mes amis :
    Je n’encourrai ainsi aucun mépris.
    Qui vit d’honneur et sait l’entretenir
    Doit sûrement savoir dame chérir.


    III
    - Ma sœur, vous prenez le pire
    De ces deux partis.
    L’Amour embrase les hommes,
    Elle les rend fous.
    Je n’en vois aucun de sage :
    Tous sont enivrés.
    Le plus clairvoyant ignore son bien.
    Il ne faut pas reprocher à quelqu’un
    D’être enchaîné dans les liens d’amour,
    Au point d’aller chercher sa guérison
    Auprès de celle qu’il aime si fort.
    Et il peut bien lui dire son tourment :
    Puisqu’à honneur il veut être accepté,
    Il ne faut pas qu’il cache sa pensée.


    IV
    - Ma sœur vous dites folie !
    Je pense autrement.
    J’aurais de terreur
    Le teint altéré,
    Et de honte et de pudeur,
    Si l’homme qui m’a aimée
    Me sollicitait ; et je tiens pour vrai
    Qu’il doit le faire auprès de mes amis.
    Mais un étourdi, la tête brûlée,
    Ne se soucierait que je sois flétrie
    Pourvu qu’il ait satisfait son désir.
    Voilà pourquoi je refuse mon choix
    A l’audacieux ; nulle ne peut l’aimer.
    Il n’en saurait résulter rien de bon.


    V
    - Ma sœur, vous faites erreur,
    Je n’en doute plus.
    Quand celui-ci, doux amant,
    S’incline vers vous
    Et vous prie d’amour loyal,
    Vous en faites un indigne.
    Moi je dirais, jugeant de vérité,
    Qu’il est plus digne d’un amour entier
    Que l’autre qui, comme un renard rusé,
    Intrigue tant qu’il obtienne sa proie,
    Et j’en prendrai sur votre avis pour juge
    De Linange, la très noble comtesse,
    Et puis Mahaut sa sœur pour mieux trancher.
    La vérité en sera bien trouvée.
     

    (Kooijman, Trouvères lorrains. La poésie courtoise en Lorraine au XIIIe siècle)

    Música conservada

    Música conservada
    No